Dans bien des pays, en particulier en Amérique latine et certaines parties du Sud-Est asiatique, une riche minorité possède la plupart des meilleures terres. Au Brésil, 81% des terres agricoles appartiennent à 4,5% des propriétaires et 70% des familles rurales sont sans terre. Au Pérou, 1% de la population exploite 80% de la terre arable. A Java, 85% de la population est sans terre et un tiers des terres agricoles appartient à 1% des propriétaires. En Inde, 8% à peine de la population possède plus de la moitié de la terre arable. La croissance rapide de la population aggrave les choses. On prévoit 10 milliards d'humains en 2025, dont 80% vivront sous les tropiques. Les seules terres disponibles à la culture sont souvent les forêts tropicales. Elles conviennent généralement peu au type d'agriculture pratiquée par les colons (...).

En Thaïlande, des forêts ont été défrichées par des paysans ruinés, pour produire du manioc que l'on transforme en tapioca d'exportation pour l'élevage des porcs en Hollande. La surface de production du manioc thaïlandais est passée de 100 000 ha en 1965-66 à 1 million d'ha aujourd'hui. On voit bien ici comment un pays industrialisé bénéficie de la destruction de la forêt tropicale pendant que le pays tropical lui-même est contraint de supporter le fardeau de la dégradation de l'environnement.

Gouvernements et individus ont encore éliminé des forêts pour leur substituer le thé, le café, le tabac, le sucre, le caoutchouc, le coton et l'huile de palme. Les gouvernements encouragent souvent ces plantations qui leur rapporteront des devises fortes à l'exportation. Dans d'autres cas, telles les plantations coopératives de Malaisie, des emplois et des revenus sont créés pour des milliers de familles. Certaines plantations sont également exploitées par d'importantes sociétés multinationales.

Sous les tropiques, la croissance démographique a développé les besoins en terres agricoles, mais aussi la demande en bois de chauffage. Dans les pays industriels, 80% du bois sert à l'industrie et seulement 20% au chauffage. La situation est inverse dans les pays en développement. Les peuples pauvres sont contraints de détruire les forêts pour cuire leur nourriture et se chauffer. Les régions tropicales les plus sèches souffrent particulièrement.