Le lac de Maracaibo est l'un des plus grands lacs du continent sud-américain. La découverte du pétrole au fond du lac a non seulement transformé le destin du lac mais celui aussi du Venezuela tout entier. Aujourd'hui le lac produit quelque 7 000 000 barils par jour, permettant ainsi au Venezuela de compter parmi les pays les plus riches du continent. (...)

L'exploitation du pétrole nécessitait de prévoir son transport aux moindres coûts : en l'occurrence l'accès direct des pétroliers sur le site. Un premier chenal a été creusé dans les années trente, initiant immédiatement un flux d'eau salée dans le lac. Ce flux a ensuite, dans les années 60, significativement augmenté après l'approfondissement et l'élargissement du chenal : 250 mètres de largeur sur 15 mètres de profondeur. Des travaux (...) ont démontré que l'augmentation de sa salinité se fait de manière uniforme pour atteindre aujourd'hui près de 5 grammes par litre. Mais l'effet ne s'arrête pas là : la propagation du front de sel atteint aujourd'hui aussi les nappes phréatiques du bassin versant. Une incursion de 100 kilomètres en amont des rivières a été constatée. L'augmentation de la salinité -qui constitue bel et bien une pollution- rend déjà l'utilisation des nappes phréatiques à tous les usages domestiques ou agricoles très difficile.
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Jusqu'à récemment le lac recevait les eaux usées domestiques et industrielles de la totalité du bassin versant, et ce sans aucun traitement. Pour apprécier l'ampleur des rejets, il faut savoir que la région compte environ 2 millions d'habitants dont 1,2 million dans la seule circonscription de Maracaibo. Une partie du bassin est principalement agricole, avec des modes d'exploitation utilisant abondamment les fertilisants et les pesticides. Les niveaux de phosphore et d'azote dans la partie supérieure de la colonne d'eau s'élèvent ainsi à 0,1 respectivement à et 1 milligramme par litre. Les rejets domestiques de Maracaibo sont entraînés par une circulation interne (dans le sens contraire aux aiguilles de montre), créant progressivement des zones de dépôts au centre du lac. Dans ces zones, le lac montre de manière régulière un excès de salinité, d'azote et de phosphore en combinaison avec une anoxie¹ pouvant remonter à quelques mètres de la surface. Le niveau très élevé d'azote ammoniacal (quelques ppm)² a rendu toute la vie aquatique impossible, même dans le sédiment aucune activité n'a été détectée.