(...) Avec les deux autres crânes qui ont été mis au jour dans la vallée de l'Awash (Ethiopie), ce fossile offre des indications inédites sur l'origine de l'homme moderne et renforce l'hypothèse selon laquelle celui-ci aurait l'Afrique pour berceau. Le nouveau venu - baptisé d'après la langue afar Homo sapiens idaltu - (...) vivait il y a environ cent soixante mille ans dans un environnement de lacs et de savane, comme en témoignent les ossements de bovins, de gazelles, d'hippopotames et d'équidés trouvés à proximité. Les outils de pierre sont caractéristiques des techniques de façonnage acheuléennes* et du milieu de l'âge de pierres. Ils étaient utilisés dans la chasse aux hippopotames et aux bovins, comme le prouvent les nombreuses marques de découpe sur les os de ces herbivores. plus étonnants, les crânes de ces Homo sapiens portent eux aussi des marques de découpe, de dépeçage et de polissage. Il ne s'agirait pas de traces de blessures ou d'anthropophagie, mais plutôt de pratiques mortuaires similaires à celles rencontrées en Nouvelle-Guinée.

Pour ses découvreurs, qui ont comparé sous tous les angles et dimensions les trois nouveaux crânes à un échantillon de 2000 humains modernes et aux fossiles plus anciens, Homo sapiens idaltu montre des caractéristiques propres et permettent d'en faire une sous-espèce distincte. Sa morphologie s'inscrit entre celle, plus primitive, de certains spécimens de Zambie et d'Ethiopie et celle de fossiles considérés comme les premiers humains modernes, comme ceux de Qafzeh (Israël), vieux de cent quinze mille ans.