Abondant et bon marché, biodégradable et esthétique, résistant et isolant, le bois devrait être la ressource préférée des industriels. Pourtant, ses applications sont limitées car il se déforme sous l'effet de l'humidité et est vulnérable aux attaques des insectes et des micro-organismes. Ces désavantages nécessitent la mise en oeuvre de méthodes de traitement basées sur l'emploi de produits chimiques polluants ou susceptibles de compliquer le recyclage ultérieur du bois. L'équipe de René Guyonnet du CNRS a développé un procédé thermique de "rétification" qui n'emploie aucun produit chimique.

Ce sont les hémicelluloses*, imprégnant naturellement les fibres de cellulose, qui, assemblées entre elles par la lignine, confèrent au bois ses propriétés mécaniques. Ces molécules hydrophiles, en accumulant l'eau au coeur du matériau, provoquent son gonflement.

Le traitement par "rétification" consiste à porter, dans des fours spéciaux, le bois à une température de 220 à 240°C. Ce chauffage modifie l'association entre la lignine et les hémicelluloses et aboutit à la formation d'une lignine modifiée améliorant la rigidité et diminuant l'hydrophobie.

Une simple planche de pin, de hêtre ou de peuplier acquiert ainsi des propriétés dignes des essences les plus réputées comme le chêne ou la châtaignier. Ce traitement thermique permet aussi de stériliser le bois et de détruire les molécules dont se nourrissent les micro-organismes.

Ce procédé est aujourd'hui industrialisé en France par une société qui produit 20 000 m³ de bois particulièrement bien adapté à la fabrication de terrasses, de murs antibruit ou de ponts de bateau.