La réduction de la surface de la mer d'Aral s'est opérée très rapidement : elle couvrait 66000 km2 en 1963 ; à la fin des années 1990 elle ne s'étendait plus que sur environ 16000 km2, en deux bassins (13000 km2 au sud, 3000 km2 au nord).

Alors que la région entourant la mer d'Aral jouissait d'une certaine richesse, sorte d'oasis dans le désert animé par le port d'Aralsk vers lequel convergeaient de nombreux bateaux de pêche, les eaux ont commencé à se retirer dans les années 1970. En cause, une irrigation exagérée et irréfléchie des plaines longeant le Syr Daria et l'Amou Daria, les deux grands fleuves alimentant la mer, afin d'intensifier la culture du coton et du riz. La mer d'Aral, dont l'apport en eau est passé de 60 km3 par an en 1950 à 1,3 km3 en 1986, s'est réduite ; ses côtes ont reculé de 80 kilomètres laissant ses bateaux naviguer sur une mer... de sable. Cette transformation brutale de l'écologie locale a ruiné l'économie des régions côtières, qui vivaient de la pêche. Mais aujourd'hui des bateaux de pêche ont repris la mer. A quoi cela est-il dû ? Une digue entre les deux bassins (sud et nord) est construite à partir de 1989, l'idée étant alors d'empêcher les eaux apportées par le Syr Daria de se perdre dans le bassin sud. Mais la construction fut stoppée lors de l'effondrement de l'URSS en 1991. Les travaux reprennent et s'achèvent enfin en 1996. Et le miracle se produit : la mer se remplit à nouveau et le niveau du bassin nord remonte lentement ...jusqu'en 1999, où une tempête détruit l'ouvrage. Le gouvernement Kazakh passe alors un accord avec la Banque Mondiale, et obtient une aide financière de 85 millions de dollars qui permettra de reconstruire la digue, en plus solide, ainsi que plusieurs ouvrages de régulation d'eau. L'ensemble du dispositif est mis en route en 2005, et au nord, la mer d'Aral se remplit à nouveau, à un rythme qui étonne les experts par sa rapidité. Et enfin, en 2006, les pêcheurs ramènent plus de 2000 tonnes de poissons dans leurs filets. Certes, on est encore loin des 60000 tonnes annuelles d'un passé relativement récent, mais l'espoir renaît.